vendredi 17 juin 2011

King of Kowloon

Il y a quelques jours, avec une amie, je suis allée voir une expo vraiment sympa. Elle s'intitulait, Memories of King Kowloon.

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l'affiche de l'expo

Il y a 4 ans, à l'âge de 86 ans, disparaissait celui qui se proclamait 
Empereur de Kowloon. En étudiant son arbre généalogique et l'histoire de ses ascendants, celui qui n'était qu'un simple collecteur d'ordures, découvrit que sa famille avait été propriétaire des terres de la péninsule de Kowloon. Depuis, il réclamait à corps et à cris à la reine d'Angleterre, la restitution de la terre de ses ancêtres, territoire qui d'après lui, lui revenait de droit. 

Figure de HK

Inlassablement durant 50 ans, Tsang Tsou-Choi (1921-2007), a tracé sa calligraphie sur Hong Kong, devenant ainsi le premier graffiteur du monde. Murs, lampadaires, bancs, portes, armoires électriques etc, tout était espace pour revendiquer ses droits. Il peignait ses revendications, calligraphiait son arbre généalogique sans relâche, tous les jours, couvrant tout le territoire de ses caractères. L'Empereur ne s'était jamais dit artiste. Il écrivait juste de façon obsessionnelle son histoire, insultant au passage sa grande rivale, la Reine Elisabeth II d'Angleterre qui lui avait pris le trône de HK. Si certains le considérait comme fou, d'autres vantait la qualité et le style de sa calligraphie.

chaque bout de mur était exploité

Bien sûr, notre Empereur - rappelez-vous, nous habitons à Kowloon ;-) - eut des démêlés avec les autorités. Il fut maintes fois arrêté. Inlassablement, les services de voiries blanchissaient ses traces, qu'immédiatement, il renoircissait. Clopin-clopant, chaque matin, il reprenait ses pinceaux et ses seaux de peinture pour badigeonner chaque espace libre. Pour la police il devint un vrai cauchemar, pour les Hongkongais qui le surnommaient affectueusement Old Uncle Choi, une silhouette familière dont les graffitis étaient devenus familiers.

Old Uncle Choi, ses béquilles et ses sachets pleins
de pinceaux et de peinture

Dans les années 90, le marché de l'art le remarque et s'empare du phénomène. Soudain, il devint un grand artiste, le roi du graffiti. Certains de ses graffitis furent vendus à des milliers de dollars, des designers les utilisèrent pour décorer des objets ou des vêtements. La presse traquait ses oeuvres dans les ruelles de HK. Lui s'en moquait, resté pauvre, il continua son action. Le 30 juin 1997, le jour de la rétrocession de HK aux anglais, malgré une pluie battante, alors que la Rolls royale passait devant lui, tournant le dos à l'événement, il entama à coups de pinceaux, un mur fraîchement repeint pour l'occasion.

le jour de la rétrocession

A l'annonce de sa mort, de nombreux HKgais se ruèrent dans la rue pour prendre des photos de ses calligraphies. Aujourd'hui, 4 ans après sa disparition, alors que la majorité de ses graffitis ont été effacés, une expo lui est consacrée. Manifestement certains sont nostalgiques de cette figure originale de HK. Lui disait qu'il faisait juste ce que qu'il devait faire en tant que King of Kowloon ^_^.



PS: Viravong, dessinateur français de BD lui a consacré un livre, chez Casterman - 2009




3 commentaires:

  1. Et voilà encore un récit passionnant. L'écriture du King of Kowloon est vraiment belle et décorative, c'est dommage que nous ne puissions pas la lire. Que s'y cache-t-il ? On peut dire qu'il était opiniâtre et décidé. Comment fais-tu pour trouver tous tes articles ? Bientôt HK n'aura plus de secrets pour toi.
    Biz, E.

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  2. un bel hommage!quel caractère ce bonhomme :pot de terre contre pot de fer.Impressionnante et un peu triste cette vie de lutte .Biz Ariane

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  3. tristoune comme vie sans doute mais un personnage vraiment attachant.

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